top of page

De Paphos à Nicosie 🇨🇾

Photo du rédacteur: Maxime PannetierMaxime Pannetier

Dernière mise à jour : 19 mars 2024



L'arrivée a Chypre dévoile une île d'à peu près la superficie de la Corse (9200 km2) mais dont le bâti est plus imposant puisque l'île compte 1,2 millions d’habitants ; 4 fois plus que l'île de Beauté. La géographie a toutefois des similitudes avec l'île française puisqu'ici comme en Corse l'île est parcourue de massifs montagneux.



Jeudi 21 décembre 2023 - Paphos la russe


Comme souvent à l'arrivée le contraste avec Beauvais est fort. Températures flirtant avec les 20 degrés et soleil nous accueillent même si le ciel orageux n'est pas celui escompté. Chypre se vante d'être ensoleillée 340 jours par an et la météo semble nous dire que demain s'annonce pluvieux.



Après la foule, le froid et le bruit parisien, l'aéroport de Paphos est étonnamment vide et silencieux. Nous nous dirigeons vers le parking d'où part la navette qui nous conduit chez notre loueur Green Motion. On a l'habitude de se diviser, avec Diane, pour que l'un de nous récupère la valise pendant que l'autre récupère le véhicule mais, ici, nous avons surestimé l'attente. Tout va vite et s'annonce facile, et quinze minutes après l'arrivée on est sur la route. Ici, héritage britannique oblige, on roule à gauche.



Pour nos premiers pas à Chypre nous sommes hébergés dans un établissement sans fioritures nommé Crystalos appartment. C'est simple et efficace. Les autres clients semblent tous russes. La coloration russe de Paphos est notre première surprise. Ici on est à 2h30 du vol de Moscou et certaines compagnies proposent encore des vols malgré les sanctions internationales. Il faut dire que Chypre est une destination prisée des Russes depuis quelques années, très concentrés autour des villes de Paphos et Limassol. Avec la guerre en Ukraine, certains Russes qui voulaient échapper à la conscription militaire y ont d'ailleurs trouvé refuge. Les investissements russes à Chypre se sont aussi amplifiés ces dernières années à la faveur d'un programme controversé nommé "citoyenneté par investissement". En échange d'un minimum de 2 millions d'euros d'achat immobilier ou d'entreprise et de 150 000 euros de dons, les investisseurs étrangers obtennenaient jusqu'en 2020 la citoyenneté chypriote et ainsi un précieux passeport européen. La résidence longue durée (7 ans) et le mariage ont aussi été des accélérateurs de l'implantation des Russes dans la région. La puissance de cette implantation vaut d'ailleurs à Limassol le surnom de "Limassolgrad". La puissance de la communauté se retrouve dans la ville avec de nombreuses publicités en russe, pléthore de restaurants géorgiens et russes et même des supermarchés russes.



Le restaurant géorgien que nous avions d'ailleurs ciblé pour notre première soirée étant fermé, on se retrouve finalement dans une taverne très simple en compagnie de chats. Il y a énormément de chats, partout, à Chypre. On découvre un plat local : les sheftalias, une préparation chypriote très populaire à base de viandes, généralement du porc, du lard et de l’agneau. Ces viandes sont parfumées avec un hachis d’oignons rouges, du persil, du poivre noir et du sel, le tout grillé. C'est assez gras mais succulent. De nuit Paphos est encore une énigme : des ruines ici et là, le fracas de la mer, des rues en travaux, de grands restaurants fermés ou presque vides. Bref, plein d'énigmes à lever.



Jour 2 - 22 décembre : Randonnée et découverte de l'ambiance chypriote



Ce matin le soleil resplendi malgré la météo qui annonçait de la pluie. Cherchant tout de même à éviter les orages prévus à l'ouest, nous mettons le cap sur le village de Pissouri plus à l'est, à environ 30 minutes de route.



Sur le trajet les panneaux publicitaires sont toujours de bons indicateurs de la culture locale. À Chypre, deux sujets dominent la réclame : les offres immobilières de nouvelles constructions incroyables et les entreprises informatique de "cyber" aux noms aussi cryptiques que leurs offres. On y trouve aussi des affiches avec un prénom, un visage et le mot "Hostage" écrit en gros et en rouge suivis de quelques informations en anglais. Ces affiches financées par des Israéliens réfugiés après l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023 vise à mobiliser la communauté en faveur de la libération des personnes représentées. On trouve enfin les habituelles promotions automobiles et une étrange affiche "Peace, Love and Hallumi" à la gloire du fromage national.


Nous arrivons rapidement à Pissouri, un quartier chic où les maisons rivalisent de beauté les unes les autres et où un hôtel de luxe truste la vue sur la longue plage. Nous randonnons autour de Capo Astro sur une petite dizaine de kilomètres à flanc de falaise. La randonnée est spectaculaire avec de petits passages techniques mais globalement assez facile.



À Chypre, en face de Beirut, la végétation est très largement rase et clairsemée. C’est un paysage avec de l’agriculture et des ressources mais c’est aussi et rocailleux.


L’après midi nous rejoignons Paphos pour visiter les restes de Nea Paphos, l’ancienne cité antique dont les vestiges dépassent largement le cadre du parc archéologique pour s’étendre à toute la ville.




Comme souvent avec les ruines grecques l’état de conservation est assez mauvais, seul l’odéon - l’amphithéâtre - ressemble encore à ce qu’il fut. Le reste dessine plutôt un plan urbain où on devine que la ville fut grande et que le sanctuaire de la déesse Aphrodite, divinité de l’île, était important. Le véritable chef d’œuvre de Nea Paphos est en réalité les mosaïques.




La qualité des représentations mythologiques est somptueuse.





On a également un magnifique point de vue sur la mer. Le soleil se couche vers 16h30, solstice d’hiver oblige.





Jour 3 - 23 décembre à la frontière des mondes


Nous nous rendons aujourd’hui vers Nicosie, la capitale divisée de Chypre.


Côté pratique, nous rendons notre voiture de location à l’aéroport et prenons une navette en direction de la capitale, puis un taxi vers l’artère de la vieille ville : Ledra Street.


Nicosie, côté européen, est une capitale à taille humaine avec sa multitude de restaurants, de boutiques et d’immeubles plus ou moins luxueux. La ville est belle sans être remarquable, elle est parsemée de belles petites églises orthodoxes mais aussi de mosquées.


Paradoxalement, ce qui fait sans doute la particularité de Nicosie c’est d’être le dernier vestige de la guerre froide et du rideau de fer en Europe. Au bout de Ledra Street, presque en cachette après des bars tendances, deux paravents végétalisés cachent deux guérites de policiers et une frontière tenue par l’ONU. Les chats continuent leurs chemins sur Ledra sans s’inquiéter mais les hommes montrent leurs passeports. De l’autre côté : la République turque de Chypre du Nord, un état indépendant mais non reconnu comme tel par la communauté internationale à l’exception de la Turquie. Zone de non droit, territoire tabou, cicatrice et plaie ouverte à la fois, cette frontière sympathique que les chypriotes grecs traversent pour faire des économies sur l’essence et quelques produits comme les cigarettes est pourtant détestée et un véritable casse tête géopolitique.


Le midi nous déjeunons un sandwich grec avec falafels.



Puis nous visitons dans la vielle ville grecque une magnifique maison ottomane typique de l’art de vivre chypriote à l’époque de la domination de la grande porte.






On ne résiste pas à passer la frontière et à tester la simplicité de poursuivre de l’autre côté. Au milieu du passage frontière, après avoir abandonné les policier chypriotes, on marche sur dix mètres au milieu de maisons abandonnées dans un glacis nommé « la ligne verte » et qui est ici à son passage le plus étroit mais qui peut faire jusqu’à plusieurs kilomètres de large. Les policiers de la république turque de Chypre du Nord ne se risquent pas à tamponner nos papiers. De « l’autre côté » on n’est ni en Europe, ni en République de Chypre, ni en Turquie mais dans un territoire qu’on dit « occupé illégalement ». Étrange sensation que de se savoir dans un endroit sans consulat, sans ambassade, à la fois refuge de criminels internationaux et résidence de nombreux retraités britanniques ! Cette autre partie de Nicosie, sans faste, aux ruelles étroites mal éclairées et aux commerces rares fait une première impression désastreuse sur nous. On ne s’y sent pas du tout à l’aise et on revient vite sur nos pas. Problème : j’ai prévu 4 jours à Chypre Nord à partir de demain et notamment la soirée du réveillon de Noël à Nicosie « turque ». Que faire ? Rapidement je décale notre nuit prévue dans cette partie de Nicosie et me demande ce que nous allons faire à la place.



On repasse la frontière, on souffle et on profite d’un magnifique marché de Noël suivi d’un massage relaxant. Ce soir nous dînons un repas simple dans notre hébergement en plein centre et on regarde la carte pour reprogrammer la journée suivante. Mais comme les logements d’après sont non annulables nous n’avons pas le choix, il faudra repasser la frontière et improviser pour rejoindre en bus une autre ville et trouver quelque chose à faire pour le 24 décembre. L’aventure !


Comments


bottom of page