Kypros, Cyprus ou Chypre est l’île la plus orientale de la Méditerranée, elle est entourée au nord par la Turquie, à l’est pas la Syrie et au sud par l’Egypte. Son flanc ouest est essentiellement maritime même si on y trouve la Crête à environ 500 km au large. Cette position aux confins de la méditerranée fait de l’île le dernier bastion européen - ou le premier selon le point de vue - du Moyen-Orient.

Tour à tour phénicienne (ancien Liban), égyptienne, grecque, romaine, byzantine, anglaise, française, vénitienne, ottomane, colonie britannique et enfin république autonome avant d’être amputée de sa partie nord par la Turquie, on peut dire que Chypre est une île convoitée. Une convoitise qu’elle doit à sa position stratégique dans l’orient Méditerranée. Qui contrôle Chypre dispose d’un formidable avant poste militaire pour envahir, commercer ou se protéger au sein de ce Moyen-Orient si convoité.
Des siècles de changements de pouvoir n’ont pourtant pas effacé l’influence greco-turque qui domine sur l’île et qui se manifeste dans la langue, dans la religion, dans la cuisine et plus généralement dans toute la culture.
Départ de Paris le 21 décembre 2023
7h05
Cela fait des semaines, qui semblent des années, que nos nuits ne sont plus noires mais mâtinées de pluie, de vent et de brumes qui rendent chaque incursion vers l’extérieur peu avenante. Cette matinée ne fait pas exception. Cette météo peu avenante est sans doute à l’image de nos corps et de nos esprits, un peu fatigué par près de 4 mois de travail sans discontinué à affronter la frénésie de la vie parisienne, de ses plaisirs à ses enfers.
On assistait récemment à l’avant première du film Voyage au Pôle Sud de Luc Jacquet. Le cinéaste, présent pour un débat, nous y expliquait que pour lui « le voyage commence quand on a fermé la porte de chez soi et que ce qu’on a rêvé et fantasmé pendant des semaines, des mois voire des années devenait réel ». Ce sentiment, je le partage et je le crois assez universel. Si se rendre vers Chypre n’est pas aller au pôle sud, cela n’en reste pas moins une route vers l’inconnu.
Beauvais : beauté et laideur des vols low-costs
Malgré la pluie et une dense circulation, on traverse, mal réveillés (enfin surtout moi), la banlieue parisienne pour atteindre l’Oise et Beauvais. Ce point de départ rural dans les champs de l’Oise n’est jamais facile à associer aux rêveries qu’inspirent les voyages. Dans ce décor désolé et austère, les deux hangars gris qui forment l’aéroport évoquent davantage des camps migratoires que des espaces d’évasion. Des files humaines serrés à peine organisé par de minces cordeaux et un personnel débordé forme une marée humaine étouffante dont on se dit qu’on a le malheur d’être les derniers. Arriverons nous au bout de la première file pour déposer la valise, de la seconde pour décliner nos identités, de la troisième de sécurité et de la quatrième pour embarquer en deux temps ? 120 minutes s’écoulent ainsi péniblement dans une ambiance oscillant entre le stress des centaines de passagers compressés et en retard et l’insouciance des vacances que chacun espère secrètement libéré de tous ces autres qui font barrage. Des derniers coups de fils professionnels au milieu du brouhaha et un personnel aéroportuaire qui fait plutôt bien face aux flux incessants.

10h30 arrive et l’avion qui devait décoller à cette heure ci se pose sur le tarmac, on réalise qu’on ne pourra pas déjeuner dans un vol RyanAir et on récupère deux sandwiches passables et un café en échange de 15€. la quatrième file est l'occasion discrète d´observer nos compagnons de voyage dans l'espoir secret de dresser un portrait sociologique de nos semblables.
Devant nous, cinq jeunes amis qui semblent ne pas avoir la vingtaine, derrière nous un quarantenaire que j'imagine Chypriote. la réalité est qu'on y croise tous les âges, toutes les couleurs de peaux et - vol low cost oblige - un ensemble plutôt populaire. Qu'est ce qui motive à partir à Chypre ce jour ? Les vacances ? Retrouver de la famille ? Le soleil ? un bon tarif pour une destination un peu exotique ? Le mystère des intentions plane alors que notre groupe éphémère marche vers sa destination.
Voyager en 2024
Pour moi ce nouveau voyage s’ancre désormais dans une forme d’habitude d’évasion. J’ai pris l’habitude de prendre l’avion depuis que j’ai 6 ans. Cela fera donc bientôt 34 ans. Enfant je quittais le travail de mes parents pour passer du var à la région parisienne en moyenne tous les 3 mois. Nice-Orly et Orly-Nice ont émaillé ma jeunesse avec à chaque traversé ce sentiment démesuré du vol et du passage au dessus des nuages.

De 1984 à 2024, je crois que j’ai fondamentalement utilisé le voyage comme un échappatoire facile. Un avion pour s’extirper du quotidien et pour, en même temps, s’impliquer dans d’autres quotidiens et toucher du doigt les millions de mondes et de cultures alternatives à la notre comme autant de miroirs déformants mais aussi de clés de compréhension de nous même pris dans le vaste jeu de la mondialisation. Alors que la COP28 vient de s’achever et que la limite nécessaire de la consommation à tout craint des énergies fossiles est plus que jamais d’actualité le voyage facilement accessible est désormais en débat.

Ici comme ailleurs on navigue dans la mer contradictions : jamais nous n'avons eut accès à une telle abondance de choix . Destinations, nourritures, offres culturelles, offres sportives, datas de communication, santés, photos à volonté... Nous sommes à l’air de l’illimité partout, tout le temps. Le monde à portée de main dans un smartphone.
Malgré ce vertige des possibles ce voyage vers Chypre s'inscrit, plus modestement, dans le chemin des précédents, en ajoutant une nouvelle pierre à l'édifice des connaissances du monde.
Après 3h30 de vol, on sort enfin des nuages. Entre ciel noir et éclat de soleil Paphos fait son apparition en clair-obscur.

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