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Arrivée tonique dans le Makay

Photo du rédacteur: Maxime PannetierMaxime Pannetier


Cela fait bientôt 2 jours que nous roulons plein sud vers le très caché massif du Makay. Les nids de poules innombrables sont des gouffres, obligeant notre 4X4 à slalommer sans cesse entre vélos, piétons, charrues tractées par des zébus ou des hommes, camions, taxis-brousse et d'innombrables véhicules stationnés au milieu de la route dans l'espoir d'être réparés. C'est une route vivante mais incertaine.


Cela fait six mois qu'aucune expédition n'a pas rejoint le Makay et les pluies abondantes des dernières semaines interrogent notre guide, Arsene. La piste est-elle encore praticable ?

Nos deux véhicules ont activé les quatre roues motrices pour franchir des passages de plus en plus difficiles. Soudain, roulant sur le sable, le 4x4 de tête s'enfonce lourdement jusqu'à l'enlisement, implacable. Nous assistons impuissants au naufrage alors que surgissent de derrière les arbres une tribu armée de cris, de machettes et de carabines. Une quarantaine d'hommes, de femmes et d'enfants nous encerclent bientôt. Amicaux ou hostiles ?


On ne se sent pas vraiment en insécurité mais on sent que quelque chose tangue. Signe qui ne trompe pas, notre guide a abandonné le français et converse désormais en malgache en faisant fi de notre présence. Les 6 voyageurs blancs que nous sommes sont sortis des véhicules, alors que le chauffeur continue à s'enliser. Les Baras assistent à la scène, mi moqueurs, mi attentistes. Arsène semble négocier quelque chose alors que des Baras prennent des photos avec nous sur des téléphones très rudimentaires. On crie, on parle, on s'observe, on s'amuse preque mais on est tous un peu stupéfaits.


Au terme de la négociation, la tribu s'affaire : on coupe du bois, on désensable à la pelle, on met des feuilles sous les roues, on tente de pousser la voiture. La chaleur nous accable mais on aide modestement (ou on fait semblant d'aider).


Enfin, au bout d'une heure de suspense, le véhicule sort du sable.



Il reste moins de 10 kilomètres à faire mais, déjà, on est propulsés sans transition dans un monde tribal à des années lumières du nôtre. La piste est difficile mais on s'en sort. Arrivés au dernier village nous sommes désormais rejoints par des dizaines d'enfants d'hommes et de femmes et devenons une attraction.



C'est émouvant et en même temps inattendu. Notre guide nous rassure : les Baras, traditionnellement voleurs de zébus, se reconvertissent dans le tourisme et célèbrent notre présence. On salue à l'infini et alors que tous les regards se braquent vers nous, on est devenus, ici, dans l'éphémère d'un moment suspendu, des sortes de stars un peu gênées par tant d'attention.


Parmi le village, Arsène prend maintenant sa casquette RH et recrute 17 villageois qui serviront de porteurs pour notre équipement et ravitaillement. Il faudra vivre en autonomie pendant une semaine.



On s'étonne de voir débarquer poules et canards vivants mais aussi des cannes à pêche. Nos deux cuisiniers déchargent, eux, 200 kilos de riz, de nombreux légumes et toute une épicerie allant du café à l'huile en passant par le sel, le poivre, les épices, le rhum. Un "pisteur", Rebeva, se joint aussi à nous. Il aura la lourde charge d'ouvrir, parfois à la machette, nos chemins. Au total, notre caravane monte à 27 personnes, dont 21 accompagnants (sans compter nos deux chauffeurs qui restent au village). C'est impressionnant.


Voilà, nous y sommes : 6 marcheurs en quête d'aventures et de découvertes, prêts à explorer un territoire sauvage d'une taille comparable à presque deux fois celle de l'île de la Réunion (4000km2 vs 2500).



Nous attendent désormais 120 kilomètres de marche sur des terrains sablonneux, entre canyons humides et plateaux sommitaux arides, pour explorer un Madagascar secret et reculé en totale autonomie.



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