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Ang Thong, Paradis perdu ? 🇹🇭

Photo du rédacteur: Maxime PannetierMaxime Pannetier

Dernière mise à jour : 28 janv. 2024



Vendredi 6 janvier 2023



Dans le roman La plage, le romancier britannique Alex Gartland raconte la quête de deux français et d’un américain à la recherche d’un archipel d’îles sauvages « parfaites » cachées dans le golfe de Thaïlande. Sans le savoir, en regardant une carte du pays, j’ai fais le même cheminement que les célèbres personnages du roman devenu film. Si la fiction de cinéma a été filmée à Ko Phi Phi, le lieu conté dans le roman a un autre nom : Ang Thong.



La Thaïlande compte 500 îles, il est donc encore possible d’aller y trouver des cachettes secrètes loin des foules. Elles s’appellent Ko Tarutao au sud, Similan au centre, Ko Kut au nord où Ang Thong dans le golfe de Thaïlande. Vu de Paris, il me semblait évident que nous devions fixer notre cap sur une de ces îles. Problème : ce sont des parcs nationaux qui proposent des hébergements plus que sommaires (cabane avec matelas, parfois sans eau ni électricité) et la nourriture elle-même devient incertaine. À la complexité des réservations de nuit avec les parcs (j’ai essayé) s’ajoute celle des routes. Qui dit emprunter une voie rare dit négocier bateaux privés onéreux et difficulté à faire la connexion avec la suite du voyage. J’avais donc initialement réservé 2 nuits sur une des îles d’Ang Thong et 1 seule sur Samui, mais les connexions me semblaient hasardeuses et risquaient d’engloutir le temps.



Plan B donc. De Ko Samui, Ang Thong est à moins de deux heures de bateau (les hors bords vont certes plus vite). Un anglais du nom de Philip nous arrange une excursion à un bon tarif et un van vient nous récupérer vers 7h. Le chauffeur semble avoir appris à parler anglais devant les films de Tarantino. Un vieux monsieur n’avance pas devant nous « fucking driver ». Il se marre car ce soir c’est la Full Moon Party sur l’île voisine «  Full Rain Party or Full Dark ? », avec humour noir et un drôle d’accent americano thaï il nous emmène à bon port. Une vingtaine de compagnons de route nous rejoignent ; ils sont essentiellement Russes, Allemands, Canadiens, Indiens et Français. « Jon » un personnage haut en couleur qu’on croirait sorti de Very Bad Trip anime habilement la croisière et propose à tout le monde des petits médicaments contre le mal de mer. Bien sûr, nous n’en aurons pas besoin !


Une trentaine de minutes plus tard, plus personne ne parle à bord. La tempête à l’approche du golfe de Thaïlande prévue ce soir apporte de violents vents et des vagues de 2 à 4 mètres. Un russe au bonnet militaire se met à la proue à mes côtés pour apprécier le tour de manège. Les enfants se mettent à vomir, chacun fait plus ou moins mine de dormir en essayant de contenir le mal, alors qu’un couple québécois à l’accent chantant discute de tout et de rien, oscillant continuellement au gré des vagues. L’équipage distribue les sacs pour vomir et tout le monde demande désormais ses pilules mais, pas de chance, il est conseillé de les prendre 30 minutes avant le départ. De mon côté, je me tiens plutôt bien, mais Diane l’est beaucoup moins.



Après deux heures de mer difficile, Ang Thong montre le bout de son nez mais je n’ai pas encore la force de saisir l’appareil photo. Jon nous invite à prendre les kayaks pour rejoindre l’île. Au niveau de Ko Wua Talap le point de vue est peut-être un des plus beaux de la Thaïlande. Festival de nuances de bleu et de vert, les quelques randonnées et visites laissent bouche bée devant la beauté du monde.




Ainsi, face à Samui l’île transformée en ville, reste ce joyau qui éblouit. Reste que, comme dans tous les endroits sauvages, le plastique s’amoncelle et flotte autour des eaux majestueuses de l’île.





Alors que de gros nuages noirs s’amoncellent au loin, vers Samui, et que les vents s’amplifient je me dis rétrospectivement que loger sur l’île aurait été risqué pour pouvoir repartir. À partir de demain on annonce que les bateaux ne pourront plus sortir du port. 30 minutes avant de repartir, on accompagne notre cachet contre le mal de mer d’une eau de noix de coco, pour entamer vers 15h le retour à travers une mer féroce. Le tangage est fort alors que l’orage explose au loin. Sous un ciel noir on revient néanmoins à l’hôtel.



19h venu, un doute. Prenons-nous un scooter pour aller dîner plus loin, ou restons nous à l’hôtel ? L’envie d’explorer et la météo qui annonce la pluie a 21h me pousse à convaincre Diane de l’idée. Alors que des fêtards s’amassent dans des bus en vue de braver les flots pour aller vers Ko Pha Ngan pour la Full Moon Party (une grande fête qui a lieu chaque mois), nous descendons en scooter sur 5 petits kilomètres vers le quartier de Lamaï. On dîne un petit plat sur le pouce dans le restaurant d’une grand mère et on s’apprête à rentrer. Avant la pluie j’ai envie d’explorer les alentours, c’est très vivant, on y croise des expatriés français et même une boulangerie où on se demande s’ils font des galettes des rois (on ne saura jamais car il n’y a plus rien). Le village est bien éclairé avec de belles décorations de noël. On revient par la plage alors que le vent s’intensifie et que les vagues sont maintenant de gros rouleaux dont le bruit présage l’apocalypse. On arrive in extremis au scooter quand de premières gouttes tombent.


La tempête tropicale n’attend pas.


Alors que je fais vrombir le moteur, une pluie dantesque s’abat sur nous, amplifiée par le deux roues. On a roulé 30 secondes ! Mouillés jusqu’à l’os, on dépose le scooter n’importe où, des restaurateurs thaïlandais nous offre généreusement des sièges et un abri. On se prend à douter. Pourra t-on revenir ? Prendre un taxi ? On boit un jus de fruit en attend que ça passe, ou plutôt en espérant que ça passe. Après vingt minutes, deux ambulances foncent dans la nuit. Pas rassurant.



A un moment une accalmie, on fonce, vite mais pas trop. Il pleut toujours un peu, je suis une vraie serpillère, mes lunettes sont embuées, ma main glisse sur l’accélérateur à cause de l’eau alors que je franchi une montée très raide tout en me faisant doubler par des pick up. Diane tremble. Je me convainc que tout va bien. In extremis de nouveau je pose le scooter alors qu’une nouvelle pluie diluvienne me terrasse pendant que Diane court se réfugier à l’hôtel.



On se sèche, on souffle, alors que le vent fait plier les arbres et que la mer est déchaînée. On a une pensée pour les fêtards qui doivent passer une fête encore plus arrosée que prévue. La nuit laisse néanmoins place à une inquiétude: pourra t-on prendre notre vol pour Bangkok après demain ? La dégradation est annoncée jusqu’à lundi et nous partons dimanche…




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